TEXTE 20: matin d'été
Le long du chemin; de grands arbres; dissimulant parfois le soleil mais protégeant des précipitations. Quelques rayons percent à travers le feuillage et réchauffent la peau. De l'ombre, agréable et une légère brise, fraiche, comme un souffle sur la nuque, agite quelques uns des cheveux qui ont fui le joug de sa pince, puis retombent mollement sur son visage. Ses vêtements flottent dans le vent qui lui parcourt le dos et court le long de sa peau, lui donnant des frissons. Elle marche, et descend cette rue, un matin d'été, dans le bruissement inaudible de ses sandales, elle se mouvait telle un fantôme qui erre, désespérée et invisible aux yeux de tous. Le vent vint caresser sa joue, d'où une larme, discrète, perlait. Je pus ainsi entrevoir son visage, empreint à la tristesse, et ses yeux, humides, qu'elle tentait de cacher en baissant la tête. Elle marchait, suivant ses pensées, cette matinée d'été...
Ses cheveux couleur soleil, sautaient en cadence sur ses épaules. Ses yeux, entre le bleu et le vert, perçants, pénétraient l'être au plus profond de lui même, son regard sondait l'âme avec une vérité acérée. Elle perçait à jour chacun, de son regard mystérieux, duquel on ne pouvait discerner le moindre secret. Bien que fenêtre ouverte sur les esprits, elle demeurait close envers le sien.
Je ne sais ce qu'elle poursuivait ce matin là, peut-être fuyait-elle le malheur qui l'accablait, ou poursuivait-elle son destin, un but, un rêve ?
De sa prestance s'exhalait une certaine sagesse. Elle avait cet air de tout savoir sans le faire savoir. Son attitude respirait de sérieux, elle semblait emprisonnée entre deux âges. Condamnée à fréquenter les gens du sien, l'âge de son corps, alors que son esprit paraissait plus vieux, usé par cet isolement.
Son regard bien que sûr et froid, en le croisant on y voyait sa beauté et cette faille, cette blessure qu'elle cachait tant bien que mal par un masque de froideur et d'assurance qu'elle n'avait pas.
Il me semble la voir partout, comme une extension de moi même, ou mon reflet..
Je la revis dans le train un soir, seule dans le fond, le regard fixe sur le paysage qui défile, accoudée à la fenêtre, et son reflet, dur, sur la vitre. En pleine réflexion, toujours pensante.
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